2011-04-05




PREAMBULE 

Faire le pèlerinage de Shikoku, c’est marcher 1400km et revenir au même point de départ.
On revêt l’habit blanc, on change d’identité, et on se met en marche.
Il n’y a rien d’autre à faire, seulement marcher.
On marche. On marche. On marche le long du cercle. Le pèlerinage forme un cercle. Il fait le tour de l’île.  
On marche et on marque des étapes. Dans chacun des 88 lieux sacrés où serait passé Kûkai*, fondateur de la secte bouddhiste Shingon. 
On marche. Et on est sur ses pas, on est avec lui.  
D'un temple au suivant, le pèlerin s'astreint à respecter le même rituel. Il pose son bâton, il brûle de l’encens, allume une bougie, psalmodie des mots en sanskrit inintelligibles, laisse une signature et s’en va. Répétition des gestes, usure du corps, ouverture de l'esprit. Marcher, réciter des mantras, marcher comme on réciterait des mantras, marcher. 
Et puis, des armées de pèlerins arrivent en car. Terrassantes nuées. Véritables ruées. Des clochettes accrochées à leur besace, elles vont, elles viennent, en résonnance. Elles envahissent les temples.
Endurantes et entrainées, elles reproduisent à merveille ce qu'on leur a enseigné.

S'en détache un pèlerin.  

Celui-ci a atteint le lieu qui l'a vu naitre. Il est revenu au lieu du commencement. Il ne marche plus. Fin du cercle cercle. 

Il ôte son habit blanc. 

                            «Je suis ce pèlerin.  
                                      Nous sommes le 24 mai 2011. Mon pèlerinage est terminé. »

* Kukai 空海 (774-835), dont le nom posthume est Kōbō Daishi 弘法大師 (« Grand maître propagateur de la Loi »)  Cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Kūkai

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