2011-04-15

IVRESSE ET HALLUCINATION

Je me souviens. Je suis en train de marcher, je monte un sentier, un autre et puis encore un autre. Je ne pense à rien qu’à gravir le sommet. Et à poser mon pied, et puis l’autre, au bon endroit, pour ne pas trébucher. Poursuivre. Poursuivre mon mouvement ascensionnel. Arriver tout en haut. Jusqu'à ce que le chemin n’aille pas plus loin. Jusqu'à ce qu’il se désagrège dans l’air. Etre tellement concentrée sur ma marche. Fermer les paupières, ouvrir les paupières, les fermer, les ouvrir. Les fermer. Un instant plus tard, les ouvrir. Et voir apparaitre au-dessus de moi un temple qui me domine et qui m’écrase de sa toiture majestueuse aux extrémités élancées vers le ciel comme les ailes grandes ouvertes d’un phœnix. Battement de paupières. Apparition. Au-dessus de moi, un temple qui me domine et qui m’écrase. Il est monumental. De sa toiture majestueuse aux extrémités élancées vers le ciel comme les ailes grandes ouvertes d’un phœnix. Battement de paupières, et puis plus rien. Hein ! Quoi !? Une hallucination ! Le chemin ne mène nulle part. Il n’y a aucun temple devant moi. Que du vide et une plongée vers le vide. Et voilà que j’avais tout imaginé ! 

Deuxième interlude visuel. Ouverture de l’iris. Vertige. 

La pente que je viens de monter avec dextérité se prolonge sur une descente aussi raide. Et voilà que j’avais tout inventé ! J’étais tellement habituée à rencontrer des temples perchés au pinacle d'une volée d’escalier que seul le mouvement ascendant de mes jambes répété à l’infini m’avait convaincue de sa présence. 

J’étais en pleine progression. C’était vers la fin du raidillon. Entre deux battements de paupières, j’ai vu un temple. Il était magnifique. Sa toiture dessinait sur l’horizon la silhouette d’un phœnix en plein vol.

Si je n’avais pas refermé mes paupières, si mes yeux étaient restés fixés sur l'image qui leur était offerte, j’aurais peut-être continué à contempler pendant un temps indéterminé ce temple sans architecte. 
Si je n’avais pas refermé mes paupières, si mes yeux étaient restés grands ouverts, je n’aurais jamais su que je rêvais.

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